Bouaké et Abidjan: comment divisent-elle la Côte d’Ivoire ?

En négligeant de vouloir construire une nation ivoirienne plus soudée, le Président Laurent Gbagbo a porté un coup fatal à l’unité de son propre pays en 2002, concrétisé par cinq ans de guerre civile et une scission de la Côte d’Ivoire en deux : le Nord des rebelles et le Sud des loyalistes.

Les événements tragiques du 19 Septembre 2002

Le 19 Septembre 2002, trois villes de la Côte d'Ivoire sont attaquées : Abidjan, Bouaké et Korhogo. Des rumeurs circulent qu’une mutinerie aurait éclaté dans les camps militaires ivoiriens. Une rumeur non fondée selon les dires de Laurent Gbagbo puisque les rebelles utilisent une toute nouvelle technologie d’artillerie lourde. Un arsenal dont l’armée ivoirienne n’a pas à sa disposition. Il ne s’agit donc pas, selon lui, d’une rébellion de l’armée ivoirienne. Certaines rumeurs vont même jusqu’à dénoncer le Burkina Faso d’abriter les rebelles dans la base de Pô. Une guerre civile éclate alors et lors des confrontations sanglantes entre loyalistes et rebelles, trois cent personnes dont des civils perdent la vie. À cette liste de victimes s’ajoutent deux politiciens ivoiriens assassinés : le Général Robert Gueï et le ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou.

Les facteurs ayant contribué à la scission de la Côte d’ivoire.

Quelques jours après le coup d’Etat, la Côte d’Ivoire est partagée en deux zones géographiques : Abidjan, sous le contrôle du gouvernement, et Bouaké, contrôlé par les rebelles. Cette scission est davantage matérialisée le 22 Septembre 2002 lorsque l’armée française, avec le lancement de l’Opération Licorne pour évacuer des ressortissants français, décide de se positionner le long d’une barrière bordée par un glacis appelée « Zone de confiance ». À cela s’ajoute une division à caractère religieux du pays. Le sud ivoirien étant principalement chrétien tandis que le nord était musulman. Plus tard, les rebelles dévoilent leurs revendications au grand jour : outre le départ immédiat de Laurent Gbagbo, ils veulent mettre fin à l’idéologie de l’ivoirité.

L’idéologie de l’ivoirité à la loupe

Lorsque l’on se penche sur le sujet, on remonte jusqu’en 1995 quand l’ivoirité a été instaurée par le Président ivoirien de l’époque : Henri Konan Bédié. C’est une idéologie xénophobe destinée à mettre à l’écart socialement et politiquement certaines populations qui ne sont pas des ivoiriens de souche mais vivant en Côte d’Ivoire. Il s’agit des populations burkinabaises pour la plupart. Pérennisée par Gbagbo, l’ivoirité a causé la perte du pays. Alors qu’Alassane Ouattara était sur le point de se proposer pour les élections présidentielles ivoiriennes, sa candidature a été rejetée pour origine douteuse. Une situation qui a indigné bon nombre de citoyens ivoiriens. Malgré les efforts de médiation des Nations unies, la réticence du Nord et du Sud ivoirien, à se réconcilier s’est fait longtemps sentir. C’est finalement en mars 2007 que la Côte d'Ivoire accepte de faire table rase du passé. Bref, le coup d’Etat de 2002 aurait très bien pu être évité si le Président ivoirien Laurent Gbagbo avait décidé de refonder une Côte d’Ivoire plus unifiée en éradiquant la xénophobie de son pays. Il aurait laissé ainsi dans l’histoire de son pays un héritage propre à lui que les ivoiriens n’oublieraient jamais.
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